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Festival de seto uchi, snobisme tokyoite et immobilier

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Au centre des Routes commerciales reliant Kyushu, Shikoku et Osaka, la mer de Seto Uchi est parfois appelée la Méditerannée japonaise, toute proportion gardée bien sûr, tant son rôle de communication entre les différentes régions littorales et par extension, leur hinterland était important. Au 20ème, elle fut le centre d’accueil de nombreuses industries de minerais qui en ont extrait les matières premières nécessaires à l’effort de guerre dans un premier temps, puis à la croissance économique par la suite, en abrasant bon nombre des montagnes des îles la parsemant. Aujourd’hui, la région de Seto vit toujours de l’industrie, au niveau de reliquat cependant comparée à son dynamisme passée, de la pêche et de plus en plus, du tourisme…

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Le critère de définition adopté pour la définition d’une île est simple: un bout de terre émergé de plus de 0,1 km de circonférence. Selon cette définition, on compte 727 îles, si on inclut les « gros rochers », on avoisine alors les 3000…

Le festival de Seto Uchi se terminera fin octobre et c’est déjà un succès. Les organisateurs espéraient 300 000 visiteurs, on en est déjà à 400 000 d’après les évaluations du directeur publiées sur le site officiel. Les 7 îles participant au festival appartiennent au département de Kagawa, s’étendant principalement sur l’île de Shikoku, et forment un réseau original dédié à l’art moderne. Tout à commencé en 1992, lorsque l’entreprise Benesse, qui propose des prestations de « vie », éducatives et scolaires notamment (Berlitz) et dont le siège est à Okayama (on en à déjà parlé), sur le littoral de la mer de Seto, lance un programme d’art moderne ambitieux sur l’île de naoshima, avec l’aide de l’architecte Ando Tadao. Peu à peu, musées et hôtels (la particularité du site étant que l’hôtel est dans le musée.. ou inversement…) se construisent, Benesse en profite pour racheter des maisons dans le village proche et les transformer en oeuvre d’art contemporaine. Le projet fait des petits sur l’île de Inujima toute proche sur le site d’une ancienne usine reconvertie et sur celle de Teshima (en projet), le tout ayant abouti à ce premier festival en 2010. Vous y trouverez même un artiste français sponsorisé par Notre Ambassade (allez donc goûter le discours magnifiquement pompeux du plénipotentiaire, c’est un régal).

Je regardais une émission d’art l’autre jour, un dimanche matin (d’habitude je vais à la messe mais là, j’avais décidé de glandouiller bêtement…), dans laquelle le présentateur et ses acolytes parcouraient les îles du festival en glosant sur la magnifique fusion des arts modernes, des paysages naturels préservés et des habitants d’origine toujours présents.
Ces tokyoites, l’air mi condescendants mi admiratifs, m’ont causé un petit coup de nostalgie: j’avais l’impression de voir des parisiens faire un tour dans la campagne polissée d’une province embellie à leur intention.
L’art remplit un vide. Longtemps, il remplit le besoin esthétique des hommes car pendant plusieurs siècles, les belles choses étaient rares… Désormais, l’art tente de combler ce qui nous manque le plus: le sens. Je ne vois décidément dans toutes ces créations modernes que le reflet de la perte de repères des citadins. Moi même, admiratif de ces paysages naturels aménagés du confort et des contrastes de la « modernité », je suis obligé de faire face à ma nature résolument urbaine… Une nature universelle, car le parisien a bien plus de choses en commun avec le tokyoite, malgré toutes les différences de race et de religion, qu’avec le paysan cultivant son lopin de terre au fin fond des volcans d’Auvergne.

Alors l’immobilier dans tout ça? D’abord la région est en baisse démographique structurelle (sur Naoshima, on passe de 5302 habitants en 1980 à 3538 en 2005 and counting). A la différence de la France, le littoral nippon est avant tout une plateforme pour l’industrie et les transports. Il y a peu de zones littorales préservées, les prix des terrains à usage d’habitation n’ont donc jamais été très élevé. En outre, la nature même de la zone, mer de passage, fait que les accidents industriels ont pendant longtemps été un vrai repoussoir. Le procès des habitants de l’île de Shodoshima, dont une partie des terrains étaient utilisée comme zones de déchets industriels, en est un bon exemple. Tous ces éléments ne concourent pas à la hausse des prix de l’immobilier. Mais nous avons notre afflux de tokyoites qui vient changer la donne et l’effet Benesse se fait sentir…

Les prix sont moins chers aux alentours de Takamatsu, la capitale de Kagawa, que sur les ports des zones entourant Naoshima. Ainsi on trouve des maisons à 4,2 millions de yens (42 000 euros, balladez-vous sur le seloger.com local, ils ont un service de géolocalisation très bien fait: Home’s) en banlieue de Takamatsu alors que sur le seul site immobilier de Shodoshima, la plus grande île du projet, on ne trouve pas de terrains nus à moins de 5 millions de yens et que des promoteurs individuels proposent même des maison neuves à bâtir pour 28 millions (Ha, l’appât du gain!).
Un blog sur Naoshima précise que, malgré la baisse de population, les héritiers conservent souvent les biens comme maison secondaire. C’est plausible… Cette « coutume », très répandue chez nous, n’est réservée qu’aux classes le plus aisées au Japon qui se concentrent sur quelques régions alpines principalement, style Karuizawa dans le département de Nagano. La situation perdure encore en ces temps de paupérisation et le cas des îles de cette zone demeurerait globalement une exception dans l’hypothèse où le phénomène serait avéré.
Même s’il faudrait comparer avec les données immobilières des années 2000, et même en considérant la situation particulière d’un marché immobilier îlien extrêmement réduit et donc sujet à forte volatilité au moindre impact extérieur, la situation semble montrer que l’effet Benesse sur le marché immobilier est bien réel.

Cette initiative va-t-elle pour autant enrayer la chute démographique de la région ? Probablement pas. Comme en France et dans ses stations balnéaires pour riches, on aura une forte affluence en été et une ambiance de mort en hiver.
Mais bon, c’est pas ça qui va m’empêcher d’aller passer quelques nuits dans un chambre designée par Tadao ce WE…


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